L'hydre

Elles s'alignaient à perte de vue,

Rangées de spectres blancs,

Immobiles et silencieuses

Dans les hurlements du vent

et les tempêtes de pluie.

Où es-tu ? Où reposes-tu ?

Toi, tombé au champ d'honneur et de gloire,

Couché dans le silence de l'oubli

Et de l'histoire des hommes.

Où es-tu Papy ? Fauché dans tes vingt ans !

Tu m'as tant éblouie...

Tu m'as tellement manqué...

Au point que j'ai cru un devoir

De suivre tes pas au champ d'honneur et de gloire...

Au combat pour la vie, et pour la liberté

Qui suis-je ?

Je ne veux pas tomber !

Je veux seulement vaincre !

Vaincre la haine, le mépris et le sang !

Je veux seulement vivre dans un monde de paix ;

De calme et de respect.

Papy, toi qui es tombé si profondément que je ne t'entends plus

Dis-moi pourquoi il faut parfois mourir ?

Dis-moi pourquoi les autres pourront vivre

Alors que la haine, le mépris et le sang,

Aujourd'hui ressuscitent,

Telle une hydre de Lerne,

- chien monstrueux à l'haleine mortelle

Aux têtes immortelles-

Ressurgie de ses cendres.

Dis-moi pourquoi, il faudra

Un jour peut-être, suprême dérision

Tomber à notre tour au champ d'honneur et de gloire

Et ne plus revenir ?

Je ne veux pas mourir...

Dis-moi papy, comment peut-on revivre...