La complainte du miroir
J’ai un certain ancêtre
Dans une vieille histoire
Qui prétendait servir
Une méchante reine.
Qu’importe…
J’arrivais un matin
Au cœur de ces tentures
Ivre de mes vingt ans
Et de joie de vous plaire.
De mille feux je fis
Comme des baisers d’amants
Scintiller les diamants
De couronnes étoilées.
Et je fus amoureux…
Ma jeunesse me fit croire
À votre joie de vivre
Bariolée de couleurs
De flonflons flagorneurs.
Amusements d’enfants
Qui se fardent par jeux.
Minauderies et grimaces
Grimées… -dans le temps qui passe-
Par mille étoiles poudrées
Et dix mille arcs en ciel.
Et j’appris à vous voir…
Moi, l’humble miroir
Je compris vos regards,
L’inquiétude de vos cœurs
À travers vos sourires…
Peut-être suis-je
Ici plus qu’ailleurs
Le reflet de vos âmes ?
Je les ai vues tes larmes
Ô ma petite libellule
Toute de gaze vêtue.
J’aurais tant voulu
Te prendre dans mes bras.
Mais je ne tiens que ton image,
Furtive comme une onde. Si vraie, si loin…
Miroir poli aussi bien que poli
Témoin muet qui ose dire tout haut
Ce que d’autres pensent tout bas…
Je suis vieux…
Mais toujours aussi franc.
Qui m’apprendra le tact ?
Amoindrir la franchise j’en ai rêvé
Devant les perles de larmes
De petits rats ornés de rose.
Rubans, tulles, couleurs !
Vous défilez en hypocrites soignés
Pour panser les humains…
Hélas je ne peux….